UN BATIMENT COMBIEN DE VIES [photographed book]
Francis Rambert, Martine Colombet, Christine CarboniEt si l'on arrêtait de démolir systématiquement pour construire ? Passé la Reconstruction de l'après-guerre guidée par l'urgence, puis la «rénovation-bulldozer» des années 1960-1970 animée par l'idéologie de la table rase, l'heure est à la transformation des bâtiments existants et des territoires urbanisés. Confrontée à la terrible réalité de l'étalement urbain, grand consommateur d'espaces naturels, la ville du XXIe siècle est à la recherche de nouveaux modèles plus compacts. Dès lors, tout est affaire de reconquête, de réappropriation, de réutilisation, de recyclage. Ce renouvellement urbain nous plonge dans l'ère de la superposition, du palimpseste, il ouvre le champ de la réinterprétation, voire celui de la «réinvention» chère à Viollet-le-Duc. Il y a une logique à transformer le patrimoine construit, la densification de la ville y pousse, la réflexion sur la durabilité y conduit. C'est sans doute cela la nouvelle expérimentation spatiale, technique et programmatique du XXIe siècle, dans une équation économique indispensable à résoudre. «Le durable c'est le transformable», résume Christian de Portzamparc. A l'heure de l'obsolescence programmée, la question de la reprogrammation se pose avec d'autant plus de force. Le regard se tourne d'abord vers tous ces espaces capables issus du monde industriel (usines, gazomètres, silos, entrepôts...). Mais, dans la diversité de l'offre patrimoniale d'aujourd'hui, l'enjeu est bien plus complexe et concerne en fait tout type de construction : de la gare à la prison, de l'église au marché couvert, du château, d'eau à la tour de bureaux, du garage au tunnel, du viaduc à la cale sèche...